Le défi de la relocalisation des médicaments en France
Promis par Emmanuel Macron pour éviter les pénuries de produits pharmaceutiques, le retour en France de la fabrication des principes actifs se fait attendre. En pleine épidémie de Covid-19, le président de la République avait alors promis de rapatrier sur le sol national la production de certains médicaments critiques, afin d’en garantir la disponibilité aux patients français. Dans la foulée, des dispositifs d’aides devaient être mis en place pour soutenir financièrement les efforts des industriels. Dont acte, avec le plan France Relance et l’appel à manifestation d’intérêt baptisé « Capacity Building ». « Le coût du projet sur le paracétamol est d’environ 100 millions d’euros, dont près d’un tiers est financé par l’État. Sans cette subvention, nous ne l’aurions jamais fait », confesse Pierre Luzeau, président de Seqens. Ce dernier explique les préparatifs sur le site de Roussillon (Isère) : « Les travaux de recherche et développement sont achevés. Nous allons entamer, cette année, la prochaine étape : la construction de l’unité de production ». Avec une capacité annuelle de production de 15 000 tonnes, la future usine permettra, lors de sa mise en service, prévue à la fin de 2025, de couvrir la moitié des besoins en paracétamol de l’Europe. Si le mouvement est enclenché, il reste toutefois, deux ans et demi après, encore timide. Sur les 106 projets labellisés France Relance et destinés à « renforcer la chaîne de valeur de médicaments », seuls 18 concernent réellement une relocalisation de la production de principes actifs sur le territoire national. Au total, cela représente « au moins 35 principes actifs », précise Bercy. Les laboratoires pharmaceutiques sont réticents à investir dans des chaînes de production en France.
Le Monde, 10/01
Le variant XBB.1.5 se hisse sur le podium
Le variant qui s’impose aux États-Unis, répondant au nom de XBB.1.5 ou les (supposés) variants que la Chine cache sous une politique de communication opaque font craindre l’arrivée de nouvelles mutations d’Omicron en Europe. XBB.1.5 se situe dans la lignée de BA.2, qui fut responsable de la sixième vague en France en mars-avril 2022. Il est plus résistant, ayant démontré sa capacité d’échappement aux anticorps post-infection et post-vaccination, mais il n’est pas pour autant plus dangereux et pourrait être combattu par un rappel de vaccin bivalent BA.5. « Nous sommes à un moment charnière en termes de surveillance », reconnaît Jean-Michel Pawlotsky, chef de service bactériologie et virologie de l’hôpital Henri Mondor, à Créteil. « On sait qu’il y aura une dixième vague de Covid-19, mais la question est de savoir quel sera le variant qui va remonter. » C’est dans ce contexte que le consortium Emergen destiné au suivi des variants, créé fin 2020, passe de huit à deux plateformes. Un très mauvais timing, estime Jean-Michel Pawlotsky, bien que « prévu et lié à l’évolution du cadre juridique de l’ensemble des dispositifs mis en place dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire », selon Santé publique France (SPF). Mais « séquencer est aussi important pour l’adaptation des vaccins », ajoute Jean-Michel Pawlotsky. « Ce qui se passe en Chine est une alerte, qui montre que le système doit garder une forte réactivité », souligne Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’ANRSMIE. « On avait demandé une prolongation d’Emergen de quelques mois, j’espère que les discussions vont continuer », explique Jean-Michel Pawlotsky.
Le Monde, 10/01
En bref
Le Pr Jean-Emmanuel Bibault, oncologue radiothérapeute à l’Hôpital européen George-Pompidou/Université Paris Cité, chercheur Inserm en intelligence artificielle appliquée à la médecine, publie le 18 janvier un ouvrage, intitulé « 2041 : L’Odyssée de la médecine » (Equateurs), qui montre comment l’IA bouleverse la médecine. Il explique dans un entretien accordé au Figaro : « L’IA peut réaliser des tâches dont l’humain n’est pas capable ».
Le Figaro, 10/01
La pandémie de Covid et les confinements ont provoqué un stress et un vieillissement accéléré du cerveau des adolescents, selon des chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis) dans une étude publiée dans la revue Biological Psychiatry. Les scientifiques ont observé 163 jeunes gens (dont 103 femmes) résidant près de San Francisco. Ils ont comparé les IRM cérébraux de 81 patients réalisés avant la pandémie et les scanners de 82 autres effectués pendant la pandémie et après le confinement. A cause du stress lié au confinement, le cerveau de ces adolescents aurait vieilli d’environ trois ans. Toutefois, les chercheurs ne savent pas si ces changements persisteront dans le temps et quel sera leur impact sur la santé mentale de ces jeunes.
L’Humanité, 10/01