Phtalates : des effets sur deux générations
Selon des travaux menés sur la souris à l’université de Californie sur le DCHP (phtalate de dicyclohexyle), utilisé dans les polymères et les résines, des mâles exposés ont produit une descendance résistante à l’insuline. « L’exposition au DCHP peut altérer les petits ARN (non codants) dans le sperme », explique Changcheng Zhou, premier auteur de l’étude. Ainsi modifiés, ils perturbent l’expression et/ou les fonctions d’autres ARN, les ARN messagers. Et pourraient ainsi modifier l’expression des gènes. « Le DCHP a un effet transgénérationnel : il impacte la deuxième génération sans qu’elle ne soit elle-même directement exposée. Pour l’heure, on ne sait pas comment la mémoire de l’exposition initiale peut se transmettre de génération en génération. Peut-être que les petits ARN modifiés suite à l’exposition au DCHP vont avoir des conséquences qui persistent dans la constitution des spermatozoïdes de la descendance », précise le Pr Robert Barouki, biochimiste à l’Inserm.Si les chercheurs tentent de prouver la même chose chez l’homme, il reste encore beaucoup à faire. « L’impact des phtalates sur la santé est avéré, il faut maintenant caractériser les différents types d’effets », précise Francesca Romana Mancini, du centre de recherche en épidémiologie et santé des populations de l’Inserm. La chercheuse indique : « Je pense qu’on a assez de données scientifiques pour que les autorités proscrivent ces substances ».
Le Figaro, 18/04
De nombreux maux non reconnus en maladie professionnelle
Une enquête de Santé publique France, publiée ce mardi, révèle que quelque 5 à 7 % des salariés ont des problèmes de santé non reconnus comme des maladies professionnelles, alors que les médecins du travail estiment qu’il y a un lien entre leurs difficultés et leur travail. Le nombre de ces maux est jugé « significatif ». Dans cette étude, l’agence d’analyse scientifique sur la santé décrypte le suivi de salariés mené entre 2012 et 2018 dans certaines régions avec des médecins du travail volontaires. Ces « maladies à caractère professionnel » (MCP) sont plus particulièrement observées à partir de 45 ans, souligne Santé publique France. Les signalements de MCP ont été « en forte augmentation » entre 2016 et 2018, relève l’agence publique. Le plus souvent, les problèmes liés au travail identifiés par les médecins sont des troubles musculo-squelettiques (TMS) et une souffrance psychique, comme une dépression. La souffrance psychique concerne plus particulièrement les cadres, contrairement aux TMS davantage signalés chez les ouvriers. Quelque 75 % des troubles musculo-squelettiques n’ont pas fait l’objet d’une déclaration en maladie professionnelle, principalement en raison d’une méconnaissance de la procédure par les salariés ou d’un « bilan diagnostique insuffisant ».
Les Echos, 18/04
En bref
La biotech nîmoise Panntherapi est la gagnante du prix Tech for future 2023, organisé par La Tribune, dans la catégorie « Santé ». Elle développe des traitements innovants pour des maladies neurologiques mal traitées, en premier lieu l’épilepsie, et notamment une forme orpheline ultrarésistante de l’épilepsie chez l’enfant. Son traitement se fonde sur la découverte d’un mécanisme de transmission dans le cerveau et vise à empêcher le démarrage de la crise d’épilepsie. A l’origine, il y a deux chercheurs, explique La Tribune : Nathalie Rouach, directrice de recherche à l’Inserm et spécialiste des neurosciences au Centre interdisciplinaire de recherche en biologie (CIRB) au Collège de France, qui étudie les mécanismes moléculaires de la plasticité cérébrale, et Gilles Huberfeld, neurologue à l’hôpital fondation Adolphe Rothschild et chercheur au Collège de France, spécialisé en épileptologie et en électro-physiologie. Elsa Brillaud, psychopharmacologue et docteur en toxicologie appliquée aux neurosciences, directrice générale et cofondatrice de Panntherapi, évoque la découverte faite par les deux chercheurs.
La Tribune, 18/04
Les Echos consacrent un article à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), qui « veut multiplier les projets à impact ». Depuis 2018, sous la houlette de Bruno Sportisse, l’Inria a mis la souveraineté technologique au cœur de ses priorités. Si des tensions sont apparues en interne, elle a multiplié les projets avec les entreprises et les start-up. Côté partenariats académiques, l’institut, qui est sous la double tutelle du ministère de la Recherche et de celui de l’Industrie, a redéfini ses priorités en se concentrant sur l’intelligence artificielle, la cybersécurité, le cloud et le quantique. « Grâce à cela, quand l’État a lancé ses plans de relance et France 2030, dont le numérique était un des axes prioritaires, nous étions prêts à répondre présent », se félicite Bruno Sportisse. Aux côtés d’autres instituts comme l’Inrae, l’Inserm et le CNRS, l’Inria a ainsi été mandaté pour copiloter des programmes nationaux de recherche.
Les Echos, 18/04
Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, quitte ses fonctions pour partir à l’international rejoindre l’Organisation mondiale de la santé (OMS), indique l’AFP. M. Salomon « deviendra sous-directeur général » de l’OMS à compter de ce lundi, a annoncé dans un communiqué l’institution. A partir du début 2020, la Covid a mis en lumière M. Salomon, devenu l’une des incarnations de la crise sanitaire à côté des ministres de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, puis, Olivier Véran. Le ministère de la Santé n’était pas en mesure lundi d’indiquer qui succèderait à M. Salomon, dont le départ était donné depuis bientôt deux ans. Il a précisé qu’un nom devrait être annoncé lors d’un prochain Conseil des ministres.
AFP, 17/04
Le Parisien consacre un article à Christian Chenay, médecin généraliste à Chevilly-Larue (Val-de-Marne), âgé de 101 ans, qui, après la fermeture de son cabinet en 2020, soigne toujours ses patients chez lui et va recevoir ce mardi les honneurs du Conseil de l’Ordre des médecins. Il rédige en ce moment son cinquième livre, qui devrait s’intituler « Itinéraires de centenaires ». « Nous sommes programmés pour vivre 120 ans, mais il y a de nombreux obstacles en cours de route », rappelait la quatrième de couverture de son « Manuel de survie des retraités » publié en 2020. Un guide pratique dans lequel il dressait un parallèle avec la longévité de certains animaux, et relatait qu’on a déjà récolté « une palourde âgée de 507 ans ».
Le Parisien, 18/04