L’expansion du moustique-tigre et le risque d’épidémies en France
La France fait face à une menace croissante de maladies telles que la dengue, le chikungunya et le Zika, principalement transmises par le moustique-tigre, Aedes albopictus. Originaire d’Asie, cet insecte vecteur s’est propagé à travers le monde via le commerce maritime et aéroportuaire, atteignant 80 % des départements français depuis sa première détection dans les Alpes-Maritimes en 2004. Le réchauffement climatique et la mondialisation des échanges facilitent la circulation des virus et leur transmission, avec une augmentation presque exponentielle des cas autochtones signalés. En 2022, 66 cas de dengue autochtone ont été recensés, dépassant le total des dix années précédentes. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a alerté sur un risque « assez élevé » d’épidémie dans les cinq prochaines années, tout en soulignant l’insuffisance probable des moyens de lutte actuels. Le réchauffement climatique pourrait également rendre les hivers moins efficaces pour briser la chaîne de transmission des virus, avec des étés plus longs et plus chauds favorisant la prolifération du moustique. À cela s’ajoute le risque posé par le moustique commun (Culex), vecteur potentiel du virus du Nil occidental, dont la transmission est également influencée par le changement climatique. La prévention, incluant la déclaration obligatoire des cas et la sensibilisation du public afin d’éliminer les gîtes larvaires, est jugée essentielle pour contenir la menace.
Les Echos 01/10/2024
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Consécration de la recherche française en xénotransplantation à la conférence Banff
La conférence Banff, qui s’est tenue à Paris du 16 au 20 septembre, a rassemblé plus de 350 experts mondiaux et a souligné l’excellence de la recherche française dans le domaine de la xénotransplantation. L’événement, coorganisé par le Pr Alexandre Loupy de l’Institut de transplantation et régénération d’organes (Pitor), lauréat du Prix Innovation 2023 de l’Inserm, a marqué une étape importante, avec l’intégration de la xénotransplantation dans la classification internationale des rejets. Cette reconnaissance est cruciale pour le développement de cette pratique, qui promet de transformer la médecine. Depuis la première conférence à Banff en 1991, des progrès ont été réalisés dans la compréhension des rejets de greffe. En juillet 2023, une greffe de rein provenant d’un porc génétiquement modifié sur un humain en état de mort cérébrale a montré des signes précoces d’inflammation, conduisant à l’adoption d’un traitement préventif et à un record de survie du greffon. Ces avancées positionnent Pitor comme un centre de référence international, ouvrant la voie à la potentialité d’une filière française de xénotransplantation, avec un espoir d’essai clinique en France autour de 2027 – 2028.
La Croix 01/10/2024
En Bref
Impact de la précarité sur la prévention du VIH chez les minorités
La 25e conférence Aids 2024 à Munich a souligné que la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH demeure très importante, mais a peu abordé la question de la précarité des minorités telles que les migrants, les travailleuses du sexe et les femmes trans, qui sont particulièrement vulnérables au VIH. L’ANRS-MIE mène des recherches pour adapter les soins pour les rendre plus accessibles à ces populations. Joseph Larmarange de l’Inserm a souligné la tendance à négliger les méthodes de prévention de base au profit des innovations biomédicales, comme la Prep, qui ne répond pas aux besoins des personnes les plus précaires. Les nouveaux formats de Prep injectables promettent de mieux répondre à ces besoins, bien que leur accessibilité reste un défi. Annabel Desgrées du Loû et Bruno Spire de l’Inserm ont eux mis en lumière les obstacles rencontrés par les migrants, souvent contraints à des échanges sexuels pour survivre, et l’importance d’un système de santé publique solide pour réussir à atteindre les populations vulnérables. La conférence Aids 2024 appelle à une réflexion plus large sur la santé sexuelle qui englobe le VIH mais aussi d’autres aspects cruciaux de la prévention.
lequotidiendumedecin.fr 27/09/2024
Les enjeux sanitaires des nanomatériaux
Les nanomatériaux, mesurant 1 milliardième de mètre, suscitent des inquiétudes pour la santé humaine en raison de leur insolubilité ou biopersistante. Emmanuel Flahaut, expert au CNRS, souligne les risques inflammatoires, notamment pour les travailleurs exposés par inhalation. Roger Lenglet, dans son ouvrage “Nanotoxiques”, compare la dangerosité des nanos à celle de l’amiante. Face à ces risques, l’Europe a mis en place des réglementations comme Reach, CLP et le règlement sur les produits cosmétiques, visant à contrôler l’utilisation des nanomatériaux. Toutefois, l’absence d’harmonisation internationale et les limites des contrôles, principalement dus à un manque de moyens, posent problème. En France, la DGCCRF effectue des contrôles, notamment sur les crèmes solaires, et a retiré du marché des produits contenant des nanomatériaux non autorisés. Malgré ces efforts, des lacunes subsistent, notamment concernant l’étiquetage et le registre R‑Nano, qui ne renseigne pas sur les dangers ou l’exposition aux nanomatériaux.
Le Monde 01/10/2024
Nouvelle avancée contre la sclérose en plaques progressive
L’efficacité du tolebrutinib, un nouveau médicament, a été mise en évidence dans la lutte contre la sclérose en plaques (SEP) secondairement progressive, offrant une réduction de 31% de l’aggravation du handicap chez les patients. Présentés lors du congrès du Comité européen pour le traitement et la recherche sur la SEP à Copenhague, ces résultats proviennent d’un essai clinique de phase 3. Malgré l’absence d’une publication dans une revue scientifique, Sanofi prévoit de demander des autorisations de mise sur le marché au second semestre 2024. La SEP débute habituellement par une phase inflammatoire, et certains patients développent ensuite une phase progressive caractérisée par une aggravation continue du handicap. Le tolebrutinib, appartenant à la famille des inhibiteurs de la Bruton tyrozine kinase, cible le système nerveux et joue un rôle dans la neurodégénérescence. L’essai a inclus plus de 1100 patients, montrant une stabilisation chez certains, tandis que d’autres ont vu leur condition s’améliorer ou continuer à se dégrader. Des effets indésirables, dont une augmentation des enzymes hépatiques, ont été notés, nécessitant une surveillance accrue. Ces résultats ouvrent des perspectives de recherche pour comprendre la variabilité de la réponse au traitement. Par ailleurs, le tolebrutinib n’a pas démontré de supériorité sur les traitements existants dans la phase précoce de la maladie.
Le Figaro 01/10/2024