Lien entre sommeil et efficacité de la vaccination
Selon une étude publiée lundi dans la revue Current Biology, un bon sommeil pourrait renforcer l’efficacité de la vaccination. Des chercheurs français et américains ont examiné la littérature scientifique sur le sujet, et relèvent une « association robuste » entre des nuits courtes (moins de six heures) et une réduction de la quantité d’anticorps produits par l’organisme en réponse à la vaccination. Le phénomène est plus marqué chez les hommes. Les scientifiques ont rassemblé les données issues de suivis en population générale et d’études expérimentales. Les tests ont été menés avec des vaccins contre la grippe, ainsi que contre les hépatites A et B. « Nous avons constaté les mêmes résultats pour la grippe, qui est un virus respiratoire, et l’hépatite, qui affecte le foie, ce qui suggère que cet effet pourrait s’étendre à toutes sortes de virus, y compris les coronavirus comme le Sars-CoV‑2″, ajoute Karine Spiegel, première auteure de l’étude et chercheuse à l’Inserm. « Ce protocole, appliqué à des personnes de moins de 60 ans et en bonne santé, permet de montrer l’impact direct de la privation de sommeil sur la production d’anticorps (dont le taux constitue un indicateur de l’efficacité de la protection immunitaire) », souligne le Dr Sabine Plancoulaine, spécialiste du sommeil et chercheuse Inserm au Centre de recherche en épidémiologie et statistiques à Paris, qui n’a pas participé à l’étude. « Il a été montré que l’activité de certaines protéines présentes à la surface des lymphocytes T, dont le rôle est de reconnaître les agents pathogènes, peut chuter quand on ne dort pas assez, réduisant l’efficacité de l’immunité », indique Sylvaine Artero, chercheuse dans une unité Inserm de Montpellier. Cette épidémiologiste s’est aussi intéressée au lien entre sommeil et efficacité des défenses immunitaires.
Pourquoidocteur.fr, 14/03, Le Figaro, 15/03, The Conversation, 14/03
Anses : renforcer son indépendance et sa crédibilité scientifique
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a mis en ligne, vendredi 10 mars, un rapport qui porte sur la « crédibilité de l’expertise scientifique » menée par l’agence. Glyphosate, néonicotinoïdes, fongicides SDHI : ces dernières années, dans plusieurs dossiers sensibles, les avis rendus par l’autorité sanitaire ont été au centre de vives polémiques. « Cette situation pourrait, si elle n’est pas gérée attentivement, menacer la crédibilité de l’agence », alerte le groupe de travail, créé à l’automne 2020 et dirigé par Pierre-Benoît Joly, président du centre Inrae Occitanie-Toulouse. Le conseil scientifique de l’Anses s’est fondé sur l’analyse de trois cas pratiques, concernant tous des pesticides : les insecticides « tueurs d’abeilles » néonicotinoïdes, le glyphosate, et les fongicides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase). Dans ces trois situations, le hiatus entre le cadre réglementaire de l’expertise et la réalité des connaissances scientifiques disponibles est une cause majeure de conflit. Dans le cas du glyphosate, c’est avec les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ou l’Inserm que les conclusions de l’Anses divergent. Le CIRC, comme l’Inserm, juge l’herbicide bien plus dangereux que le gendarme français des pesticides. Le conseil scientifique s’est appuyé sur des auditions de scientifiques, d’experts, d’élus ou de membres de la société civile pour proposer une série de vingt-sept recommandations. Il préconise notamment de prendre en compte les connaissances scientifiques nouvelles, de formaliser le traitement des alertes scientifiques, d’affiner le traitement des conflits et liens d’intérêts… Cet ensemble de recommandations vise à réformer le fonctionnement de l’agence afin de renforcer sa crédibilité.
Lexpress.fr, Libération.fr, 14/03, Le Monde, 15/03
En bref
GeNeuro, spin-off de l’Institut Mérieux, vient de réunir un financement de 25 millions d’euros auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour avancer sur le traitement du Covid long grâce à un anticorps monoclonal qu’il destinait initialement à la sclérose en plaques. La première tranche accordée par la BEI comprend une ligne de crédit de 7 millions disponible immédiatement afin de clore la phase II des études cliniques d’ici à la fin 2023. « Nous sommes parvenus à identifier une réponse à la tempête cytokinique, autrement dit la montée inflammatoire chez certains patients atteints du Covid », résume Jesus Martin-Garcia, PDG de GeNeuro. « Dans 25 % des cas, un résultat positif à la protéine W‑Env est détecté », constate Jesus Martin-Garcia, qui a collaboré sur ce sujet avec le Centre international de recherche en infectiologie (Ciri), une unité mixte entre l’université Lyon 1, l’Inserm, le CNRS et l’ENS Lyon.
Les Echos, 15/03
Dans une tribune publiée dans Le Monde intitulée « Troubles psychiques : la prise en charge précoce des 15 – 25 ans est une urgence », des psychiatres du réseau Transition et associations appellent à soutenir le développement de services de détection et d’intervention précoce pour les adolescents et jeunes adultes. Ils soulignent : « C’est entre 15 et 25 ans qu’apparaissent le plus souvent les troubles psychiatriques de l’adulte à venir, et que ces troubles sont rarement imprévisibles : dans les trois quarts des cas, il existe des signes avant-coureurs (tentative de suicide, repli, changement de comportement). Ces signaux faibles pourraient permettre de donner l’alerte. Mais la réalité du terrain est complexe : où trouver le praticien qui a à la fois la compétence et la disponibilité ? »
Le Monde, édition Science et Médecine, Lemonde.fr, 15/03
Trois ans après l’annonce du premier confinement, les jeunes adultes continuent de subir les conséquences psychologiques de la crise sanitaire. Une large étude de l’université de Bordeaux démontre la profondeur de leur mal-être. Infirmières, psychiatres, psychologues, épidémiologistes, chercheurs… le constat est unanime pour les professionnels qui gravitent autour de l’université bordelaise : le mal-être des étudiants, une population particulièrement fragile, est un phénomène qui s’est renforcé et perdure depuis la crise sanitaire. Le Covid a considérablement aggravé les cas de pathologies psychiatriques préexistants, les passages aux urgences, la demande de soins. A l’espace santé étudiants (ESE), les consultations ont bondi de 30 % et les séances financées par les « chèques psy » (un dispositif mis en place par le gouvernement pendant le Covid) ont doublé entre 2021 et 2022, passant de 2440 à 4800.
Libération, 15/03
A l’occasion de la Journée de sensibilisation au Covid long, des patients témoignent, dans 20 Minutes, des conséquences de la maladie. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) encourage la recherche sur le Covid long. Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, appelle les états du monde entier à déployer « des investissements dans la recherche », et à « prévoir l’accompagnement médical et psychologique des patients » ainsi que « des aides financières en cas d’incapacité de travailler ».
20 Minutes, 15/03