À ce jour, la synthèse de presse de l’Inserm est réalisée à partir de la lecture de l’ensemble de la presse quotidienne nationale et régionale, de la plupart des hebdomadaires et mensuels grand public et de la presse spécialisée, ainsi que des retombées radio-télévision. Une « synthèse de presse » n’est qu’un résumé des analyses et opinions des médias qui ont été lues pour la réaliser. Elle ne peut en aucun cas être interprétée comme reflétant le point de vue de l’Inserm.
Complexité accrue dans l’identification des infections post-Covid
Avec l’arrivée de l’hiver, le paysage infectieux est devenu particulièrement complexe, confrontant médecins et scientifiques à un large spectre d’infections, dont la source est difficile à identifier. Le généraliste Michaël Rochoy souligne la difficulté croissante de distinguer entre les différentes infections respiratoires, notamment entre la grippe et le Covid-19, mais aussi face à d’autres pathogènes comme la bactérie de la coqueluche ou les méningocoques. Santé publique France note une « circulation active » du SARS-CoV‑2, tandis que des infections comme la coqueluche, suivie par Sylvain Brisse, connaissent des niveaux inédits. Muhamed-Kheir Taha, du Centre national de référence des méningocoques, évoque une recrudescence des infections, soulignant une baisse d’immunité générale due aux mesures barrières prises pendant la pandémie de Covid. Les symptômes atypiques deviennent plus fréquents, rendant le diagnostic et le traitement plus complexes. Les tests de dépistage existent, mais leur utilisation dépend de la prescription médicale et du temps de réponse. Michaël Rochoy et Sylvain Brisse rappellent l’importance de la protection et du diagnostic précoce pour limiter la transmission et adapter le traitement.
Le Parisien, 27/09/2024
Contrastes dans l’évolution des cancers entre hommes et femmes en France
Une récente étude de l’Institut national du cancer en France révèle une tendance préoccupante chez les femmes avec une augmentation significative des cancers du poumon et du pancréas, alors que chez les hommes, une stabilisation ou une baisse des cancers les plus fréquents est observée. Cette divergence est attribuée à plusieurs facteurs, dont une hausse démographique, le vieillissement de la population, et des comportements à risque. En particulier, la consommation de tabac chez les femmes, initiée dans les années 1970/80, est un facteur majeur de cette évolution. Malgré une baisse générale de la mortalité liée aux cancers grâce à des détections plus précoces et des avancées dans les traitements, cette tendance est moins marquée chez les femmes. Les cancers du poumon, du pancréas, et du foie restent parmi les plus meurtriers, avec un pronostic souvent défavorable dû à un diagnostic tardif et une résistance aux thérapies. L’étude souligne l’importance cruciale de la prévention et des dépistages dans la lutte contre le cancer, en rappelant que des modes de vie plus sains pourraient prévenir près de la moitié des cas de cancer chaque année. De plus, malgré l’existence de programmes de dépistage pour certains cancers, leur utilisation reste insuffisante, lointaine des objectifs européens, particulièrement pour le cancer colorectal. Un dépistage organisé pour le cancer du poumon est également envisagé, soulignant la nécessité d’une amélioration de l’accès aux dépistages et aux soins préventifs.
Agence France Presse Fil Gen, 26/09/2024, France info, 26/09/2024
En bref
La chercheuse Cécile Legallais, directrice du laboratoire biomécanique et bioingénierie à l’université de technologie de Compiègne, travaille sur un projet innovant de modélisation d’un morceau de foie humain sur puce. Ce projet, financé par le programme MED-OoC du plan France 2030 à hauteur de 48,4 millions d’euros sur six ans, vise à limiter l’expérimentation animale. Les organes sur puces permettent de recréer des tissus humains dans des conditions simulant celles du corps humain, offrant une méthode plus précise que les cultures cellulaires traditionnelles. Malgré l’avantage éthique et la précision accrue, la limitation principale de cette technologie est l’incapacité de simuler les effets sur un système corporel entier. La France, initialement à la traîne dans le développement de ces alternatives, bénéficie désormais d’un soutien significatif avec le programme MED-OoC, co-piloté par le CNRS, le CEA et l’Inserm.
Libération, 27/09/2024
Au laboratoire BioTis de Bordeaux, une équipe dirigée par Nicolas L’Heureux, en collaboration avec l’Inserm et l’université de Bordeaux, développe une technique pionnière de création de vaisseaux sanguins à partir de collagène humain. Cette avancée pourrait transformer le traitement de maladies cardiovasculaires et gynécologiques. Les chercheurs utilisent des cellules de peau humaine récupérées de déchets chirurgicaux pour produire de la matrice extracellulaire, riche en collagène. Cette protéine, essentielle pour l’échafaudage de notre peau, est choisie pour sa capacité à ne pas être rejetée par l’organisme, contrairement aux prothèses actuellement en usage. Les applications de ces “textiles” biologiques sont vastes : outre la création de vaisseaux sanguins résistants et flexibles, le laboratoire explore la reconstruction de valves pulmonaires pour des enfants atteints de malformations congénitales et développe des filets biologiques pour le traitement du prolapsus pelvien chez la femme. Les premiers tests sont prometteurs, montrant une bonne intégration et fonctionnalité des tissus biofabriqués dans les modèles animaux. Cependant, la production à grande échelle reste un défi, nécessitant l’automatisation des processus de fabrication. Ce travail représente un espoir pour des millions de patients, offrant une alternative biologique potentiellement plus sûre et plus efficace aux solutions synthétiques ou animales actuelles.
Ça M’intéresse, 01/10/2024
Alors que la 25e conférence Aids 2024 à Munich mettait en lumière la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH, les discussions ont peu abordé les enjeux spécifiques liés à la précarité des minorités, notamment les migrants, les travailleuses du sexe (TDS), et les femmes trans. L’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales-Maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE) souligne le décalage entre les besoins réels de ces populations et les solutions de prévention proposées. Joseph Larmarange, démographe à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et co-président à l’ANRS-MIE, critique l’attention excessive portée aux innovations biomédicales, au détriment des solutions fondamentales comme les préservatifs et le traitement post-exposition. Il met en avant les limites de la Prep, notamment son accès restreint pour les personnes en grande précarité et propose de repenser la prévention en termes d’accessibilité et d’adaptation aux besoins des populations. De nouveaux formats de Prep, tels que le lénacapavir, offrent une lueur d’espoir, mais leur mise en œuvre reste complexe. La conférence a également mis en évidence les défis liés à la prise en compte des diverses dimensions de la santé sexuelle dans la lutte contre le VIH. La recherche, menée par des figures telles que Bruno Spire de l’Inserm, révèle les obstacles au dépistage et à la prévention, en particulier chez les migrants et les femmes trans. Les questions de précarité, stigmatisation et accès aux soins demeurent centrales pour une prévention efficace du VIH parmi ces populations vulnérables.
Le Quotidien du Médecin Hebdo, 27/09/2024
Pfizer a procédé au retrait mondial immédiat de son médicament Oxbryta, destiné au traitement de la drépanocytose, après la survenance de seize décès dans le cadre de deux essais cliniques visant à élargir son indication, notamment pour le traitement des ulcères aux jambes. Huit de ces décès concernaient des enfants âgés de 2 à 15 ans. Bien que l’Agence européenne des médicaments n’ait pas établi de lien direct entre le médicament et les décès, Pfizer a choisi de stopper tous les essais et de retirer le produit du marché. Oxbryta avait été approuvé aux États-Unis en 2019 et en Europe en 2022, et était vendu dans 35 pays. La drépanocytose, maladie génétique rare affectant l’hémoglobine et principalement les populations d’origine africaine, n’a pas de traitement curatif, mais des traitements existants ont doublé l’espérance de vie des patients. Oxbryta, développé à l’origine par Global Blood Therapeutics puis acquis par Pfizer en 2022 pour 5,4 milliards de dollars, avait généré 328 millions de dollars en ventes l’année dernière. Cet incident survient dans un contexte où les États-Unis ont récemment approuvé deux thérapies géniques pour la drépanocytose, marquant une évolution significative dans le traitement de cette maladie.
Les Echos, 27/09/2024
La filière healthtech, intégrant les biotechnologies, les technologies médicales et la santé numérique, est un secteur dynamique en France, employant 60 000 personnes avec l’objectif d’atteindre 180 000 emplois d’ici à 2030. Regroupant 3 000 entreprises et développant environ 2 000 médicaments, dont une part significative cible les maladies orphelines, ce secteur mise sur des innovations variées, de l’intelligence artificielle à la thérapie cellulaire. Toutefois, sa croissance est entravée par des difficultés de refinancement, exacerbées par une forte dépendance au crédit impôt recherche (CIR), utilisé par 95 % des entreprises sondées par France Biotech. Cette organisation, représentant les entrepreneurs de l’innovation en santé, alerte sur la fragilité du secteur, notamment en raison des propositions de réduction du périmètre du CIR dans le budget 2025, qui pourraient saper sa capacité d’innovation. En juillet 2024, 88 % des entreprises se sentaient impactées par un contexte économique et politique difficile, avec un tiers disposant de moins de douze mois de trésorerie et un quart avec moins de trois mois de liquidités. Face à ces défis, France Biotech plaide pour un soutien renforcé de l’État, notamment en facilitant l’accès au financement, en aidant à l’intégration des données patients et de l’IA, et en améliorant l’attractivité du secteur pour les talents, afin d’assurer la compétitivité et la pérennité de la healthtech française.
Le Quotidien du Médecin Hebdo, 27/09/2024