L’État veut étendre l’usage des biosimilaires
Pressé de trouver des remèdes au déficit de la Sécurité sociale, l’État pourrait étendre l’usage des biosimilaires, alternatives aux médicaments biologiques, qui sont moins chers et dont l’usage est encore sous-exploité en France. Une réunion au ministère de la santé devait, hier, rassembler l’ensemble des acteurs du secteur (industriels pharmaceutiques, pharmaciens, médecins et représentants de patients) pour faire un état des lieux. En 2021, le taux de pénétration des biosimilaires dans l’Hexagone atteignait seulement 37 %. Bien loin de l’objectif de 80 % à l’horizon 2022 qui avait été fixé dans sa feuille de route par l’ancienne ministre de la santé, Agnès Buzyn, en 2018. « Il y a certes une progression, mais elle reste bien lente comparé à ce qu’on observe sur les génériques, où, après cinq à six mois de commercialisation, les taux de pénétration culminent entre 60 et 80 % », souligne Jérôme Wirotius, directeur général de Biogaran. Au cœur de la bataille se trouve le « droit de substitution », qui ouvrirait aux pharmaciens la possibilité de remplacer un médicament biologique par sa copie moins chère, comme c’est aujourd’hui le cas pour les génériques. Le gouvernement a botté en touche pendant plusieurs années, à l’écoute des laboratoires fabriquant les médicaments biologiques de référence, qui mettent en avant la complexité de leurs produits et les habitudes des patients.
Le Monde, 09/06
De nombreuses fausses études dans les revues scientifiques
Un travail mené par plusieurs chercheurs allemands met en avant la hausse des articles produits par des usines à papiers. Les sociétés d’aide à la rédaction de travaux prolifèrent sur le Web. Et certaines utilisent l’intelligence artificielle. Un sujet sur cinq dans une revue biomédicale serait faux. Et le phénomène pourrait encore gonfler avec l’IA. Bernhard Sabel, de l’Institute of Medical Psychology de Magdebourg en Allemagne, avec Emely Knaack, Mirela Bilc et Gerd Gigerenzer, du Max-Planck Institute for Human Development à Berlin, ont passé en revue plus de 15.000 publications de biologie et médecine. Ils ont tenté d’identifier plus facilement les fausses publications potentielles (dénommées « drapeau rouge ») à partir de plusieurs indicateurs, tels que l’absence d’un e‑mail professionnel associé à un hôpital pour l’auteur ou l’absence de partenaire international. L’analyse montre que le nombre de publications potentiellement problématiques a quasiment doublé entre 2010 et 2020. En prenant en compte une marge d’erreur, Bernhard Sabel estime donc que la proportion est autour de 20 %, soit plus de 300.000 articles par an ! « Les fausses publications scientifiques sont probablement la plus grande escroquerie scientifique de tous les temps, gaspillant des ressources financières, ralentissant les progrès médicaux et pouvant mettre en danger la santé des populations », explique Bernhard Sabel.
Les Echos, 09/06
En bref
Dans une tribune publiée dans Liberation.fr, un collectif de médecins et de personnalités, dont Françoise Barré-Sinoussi, présidente de Sidaction, et Bruno Spire, directeur de recherches en santé publique Inserm/Aides, estime qu’« une salle de consommation à moindre risque doit ouvrir à Marseille ». Selon le collectif, « face à une situation critique, il est urgent de doter la deuxième ville de France d’une « halte soins addictions » dont les bénéfices pour la santé publique ont été prouvés ». Les signataires expliquent qu’une halte soins addictions « est un espace de réduction des risques et d’accès aux soins. Ce type de dispositif est adapté à la prise en charge des usagers injecteurs de substances psychoactives les plus vulnérables, cumulant des risques (précarité, forte prévalence de pathologies infectieuses, absence de domicile, etc.). Une équipe de professionnels soignants et travailleurs sociaux assure la gestion du lieu et offre une prise en charge globale (…) ». Ils indiquent : « Nous, acteurs de la société civile, de la lutte contre le sida, les hépatites et de la réduction des risques et des dommages réclamons la mise en place d’un tel dispositif dont l’implantation a déjà trop tardé pour Marseille et sa population ».
Liberation.fr, 08/06
Un médicament contre le diabète, appelé metformine, à la fois bon marché et largement disponible, réduirait de 40 % le risque de contracter un Covid long après avoir été testé positif à la Covid, selon une étude. Un essai de phase 3 randomisé et contrôlé par placebo a testé ce médicament. L’étude, publiée dans la revue Lancet Infectious Diseases, a porté sur 1.126 personnes en surpoids ou obèses aux Etats-Unis, la moitié recevant de la metformine et l’autre moitié un placebo dans les jours qui ont suivi un test positif à la Covid. Après 10 mois, 35 des participants qui avaient pris de la metformine ont reçu un diagnostic de Covid long, contre 58 pour le groupe placebo, ce qui représente une réduction de 40 % du risque. « Nos données montrent que la metformine réduit la quantité de virus SARS-CoV‑2 » chez les patients, a déclaré Carolyn Bramante, chercheuse à l’Université du Minnesota et auteure principale de la nouvelle étude.
AFP, 09/06
Face aux bouleversements liés à ChatGPT, les grands acteurs de l’édition spécialisée tentent de rassurer les investisseurs. L’IA bouleverse complètement le secteur de la production scientifique et technique et ses outils. « Difficile de prédire ce qui va se passer pour les grands éditeurs scientifiques. Il existe un scénario négatif, dans lequel les IA pillent tout pour créer leur propre littérature, alors que nombre de recherches sont en accès ouvert. Et un scénario positif où ils utilisent leur renommée, la technologie pour continuer à être des référents », résume Claudio Aspesi, analyste spécialisé sur ce secteur. Nombre d’analystes financiers restent toutefois relativement confiants. Les sociétés spécialisées dans l’information professionnelle et scientifique ont construit leur succès sur leur fiabilité. « Les outils d’IA génératives posent un vrai problème dans la mesure où ils ont des hallucinations. Or, les professionnels, tels les avocats ou d’autres, ont besoin d’informations de qualité avant tout. Personne n’ira prendre le risque d’utiliser un outil – manuel, logiciel, revue, etc. – qui n’a pas fait ses preuves », explique Christophe Cherblan, analyste médias chez Société Générale. Selon lui, l’IA peut avoir un impact sur des outils à faible valeur ajoutée, mais pas sur les usages dits « critiques » pour les professionnels comme les avocats, les médecins, les universitaires, etc. « Au contraire, l’IA peut même accentuer la demande de vérification », dit-il.
Les Echos, 09/06