Des disparités de santé cardiovasculaire selon l’orientation sexuelle
Jean-Philippe Empana, médecin et chercheur, qui dirige, avec Xavier Jouven, l’unité de l’Inserm Epidémiologie intégrative des maladies cardiovasculaires, au Centre de recherche cardio-vasculaire de Paris, a coordonné une étude, publiée dans le Journal of the American Heart Association, qui montre que les femmes lesbiennes ou bisexuelles ont des scores de santé cardiovasculaire moins élevés que les femmes hétérosexuelles. En revanche, les hommes gay et, dans une moindre mesure, les hommes bisexuels ont une meilleure santé cardiovasculaire que les hommes hétérosexuels. Dans un entretien au Monde, Jean-Philippe Empana explique : « Il y a des disparités de santé cardiovasculaire selon l’orientation sexuelle ». Parmi les hypothèses pouvant expliquer ces disparités figure, selon lui, le fait que les « minorités sexuelles » soient « exposées à de nombreux stress, sociétaux, familiaux, professionnels, les femmes étant peut-être exposées à des niveaux de stress plus élevés ou elles sont moins résilientes que les hommes. Or, ces stress peuvent entraîner des comportements inappropriés en termes de santé (consommation d’alcool, de tabac…) et des troubles psychiques (anxiété, dépression…). Tous ces facteurs ont une traduction sur le plan biologique, favorisant notamment une inflammation chronique, des altérations au niveau du système nerveux autonome. Au fil du temps, cette cascade d’événements contribue à l’athérosclérose – formation de plaques sur les artères – et, à terme, à des accidents cardiovasculaires, dont les infarctus du myocarde ». Il ajoute : « Se pose aussi la question de l’accès aux soins médicaux des minorités sexuelles. Dans ce domaine, les lesbiennes sont sans doute désavantagées par rapport à la communauté gay masculine (…) ».
Le Monde, édition Science et Médecine, 24/05
The Conversation, 22/05
Irlande : obligation d’indiquer le risque de cancer sur les bouteilles d’alcool
L’Irlande a décidé d’obliger les producteurs d’alcool à alerter les consommateurs du risque de cancer et de maladies du foie auquel ils s’exposent en buvant du vin, de la bière ou des spiritueux. Cette mise en garde ainsi que le nombre de calories devront désormais figurer sur l’étiquette des bouteilles commercialisées dans le pays. La mesure ne concerne pas les alcools exportés par l’Irlande. Une loi de santé publique a été promulguée dans ce sens le 22 mai, qui donne trois ans aux opérateurs pour se mettre en conformité avec les exigences de Dublin. L’Irlande est un des plus gros consommateurs d’alcool en Europe, avec un faible pour la bière britannique et pour le vin français. Un enfant de moins de treize ans sur vingt a déjà été ivre. Un bébé sur dix naît avec des troubles fœtaux. Et la population est au total peu informée des risques qu’elle encourt à trop consommer d’alcool, selon le gouvernement de la République d’Irlande. Le gouvernement irlandais se félicite d’être le premier pays au monde à avoir pris une telle disposition et dit espérer faire école. L’Irlande, qui n’avait pas caché ses intentions dans ce sens, a déjà provoqué une levée de boucliers à l’international et dans le reste de l’Europe qui s’inquiète d’un effet de contagion. Avertie du projet irlandais depuis le mois de juin 2022, la Commission européenne l’a validé, estimant qu’il n’y avait pas là d’obstacle à la libre circulation des biens. Une dizaine de pays, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont déposé plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tandis que treize pays membres de l’UE, parmi lesquels la France, l’Italie et l’Espagne, ont demandé à la Commission européenne d’engager une procédure en infraction à la réglementation européenne. La plainte à l’OMC sera examinée le 21 juin.
Les Echos, 24/05
En bref
Une étude, publiée dans la revue Psychological Medicine, confirme que la consommation abusive de cannabis augmente le risque de schizophrénie, surtout chez les jeunes hommes. Dans le cadre de cette étude, des scientifiques des services de santé mentale du Danemark et de l’institut de recherche américain sur les addictions, le National Institute on Drug Abuse, ont examiné les dossiers médicaux de près de 7 millions de Danois âgés de 16 à 49 ans, de 1972 à 2021. Les chercheurs confirment que plus la consommation est précoce et fréquente, plus le risque est grand. « L’étude danoise montre par l’épidémiologie qu’il existe une période à risque, de vulnérabilité, pour les garçons de 13 à 16 ans », observe Jean-Luc Martinot, pédopsychiatre responsable de l’unité de recherche de l’Inserm intitulée Trajectoires développementales et psychiatrie (Ecole normale supérieure Paris-Saclay, université Paris-Saclay). « La maturation du cerveau est plus tardive chez le garçon que chez la fille, en termes de structure de la matière grise et de la microstructure de substance blanche », ajoute-t-il. « Le cannabis est l’un des facteurs de risque les plus importants de développer un trouble schizophrénique, les autres facteurs étant une prédisposition génétique ou familiale, et l’existence de symptômes atténués », insiste la psychiatre Marie-Odile Krebs (Inserm, université Paris Cité), cheffe de pôle au GHU Paris Sainte-Anne.
Le Monde, édition Science et Médecine, 24/05
Une étude, publiée dans la revue Science Translational Medicine, révèle que les hommes qui travaillent la nuit sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé que les femmes. Ces dernières seraient protégées par les œstrogènes (hormones produites par les ovaires). Les auteurs de cette étude se sont intéressés aux données médicales de plus de 90 000 personnes travaillant en décalé. Ils ont également mené des expériences sur des souris. Les tests réalisés sur les souris mâles ont révélé que les perturbations du cycle jour-nuit avaient des conséquences négatives sur le microbiote, la tension artérielle et les gènes des rongeurs. Ces résultats n’étaient en revanche pas observés chez les souris femelles. « Ce qui était frappant, c’était que ces perturbations sur le métabolisme des rongeurs mâles étaient importantes », a déclaré le Dr Garret FitzGerald, auteur principal de l’étude.
Doctissimo.fr, 23/05
Une étude menée par deux neuroscientifiques de l’Institute of Cognitive Neuroscience de Londres, publiée dans la revue Nature, suggère que l’état de sidération dans lequel se retrouvent les victimes de viol ou d’agression sexuelle explique leur manque de réaction. « L’immobilité peut être entièrement involontaire. Face à la menace, la recherche a démontré que le cerveau peut bloquer les circuits neuronaux qui gèrent le contrôle volontaire des mouvements du corps », affirment les professeurs Patrick Haggard et Ebani Dhawan. Le phénomène a été observé chez les animaux.
La Croix, 24/05
Un antibiotique vieux de 80 ans pourrait permettre de combattre des bactéries résistantes aux traitements. Découverte en 1942 dans des champignons du sol, la streptothricine n’a jamais été mise sur le marché en raison de ses effets toxiques sur les reins. Mais des chercheurs du Beth Israel Deaconess Medical Center ont constaté que cette appellation désignait en réalité plusieurs molécules. Or l’une d’elles, la nourséothricine, qu’ils sont parvenus à extraire, ne présente pas ce danger. Mais, elle conserve une grande efficacité contre les bactéries Gram négatives, y compris certaines formes multirésistantes. Les chercheurs vont désormais tenter de synthétiser la molécule afin de lancer des essais.
Le Monde, édition Science et Médecine, 24/05