Le défi de nourrir plus de 10 milliards de personnes dans le monde
Selon les dernières estimations de l’ONU, la population mondiale, qui atteint actuellement les 8 milliards, pourrait bondir à 9,7 milliards en 2050, puis atteindre un pic de 10,4 milliards dans les années 2080, avant d’entamer un très progressif déclin. Après un essor rapide des populations en Asie, qui s’est traduit par le poids démographique énorme de la Chine et de l’Inde, la croissance démographique des prochaines années sera en grande partie portée par une poignée de pays, essentiellement africains. Plus de 820 millions de personnes souffrent de faim chronique, tandis que le gaspillage est colossal. Le fait d’être 20 % de personnes en plus sur la planète en 2050 ne signifiera donc pas « simplement » augmenter la production agricole de 20 %, explique Lorenzo Giovanni Bellù, économiste spécialiste des études de prospective agroalimentaires globales au sein de la FAO. « Il faudra passer par une diversification des productions, un meilleur stockage des denrées et une mutualisation des risques », estime Nicolas Bricas, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), chargé de mission sur la sécurité alimentaire. Cet expert reconnaît que la pression sur le rendement, en Afrique notamment, risque d’avoir des implications environnementales qui compromettent les écosystèmes. Afin d’augmenter les rendements avec des ressources limitées, les technologies seront un autre levier essentiel… qui risque en revanche de faire grimper les prix.
Le Figaro, 14/04
Vague inédite de cas de diphtérie en Europe
L’année 2022 a été marquée par une vague sans précédent de cas importés de diphtérie, en France mais aussi dans plusieurs autres pays d’Europe. La diphtérie, due à la bactérie Corynebacterium diphtheriae, est une maladie hautement contagieuse qui se transmet d’homme à homme, par la salive, les plaies cutanées et plus rarement par le biais d’objets souillés par les sécrétions des malades. Sa principale manifestation est une angine qui peut se compliquer d’atteintes cardiaques ou neurologiques et entraîner le décès. Il existe un vaccin contre la diphtérie depuis près d’un siècle, et la population française est très largement couverte grâce à la vaccination obligatoire. Malgré cela, une poignée de cas très limités sont recensés chaque année. Néanmoins, en 2022, la France a enregistré 30 cas, d’autres pays davantage : 118 en Allemagne, 69 en Autriche, 52 en Suisse, recense une communication dévoilée au Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses. « C’est une situation assez exceptionnelle, mais on ne peut pas parler d’épidémie européenne, car il n’y a pas eu de transmissions à la population générale : ces cas restent circonscrits à des personnes arrivant de l’étranger, en situation de vulnérabilité », souligne le Dr Sylvain Brisse, directeur du Centre national de référence de la diphtérie et directeur de recherche à l’Institut Pasteur.
Le Figaro, 14/04
En bref
Jean-François Delfraissy, immunologue et président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), revient, dans un entretien à La Vie, sur les travaux du CCNE, créé il y a 40 ans. Président du CCNE depuis 2017, nommé par François Hollande puis reconduit par Emmanuel Macron, Jean-François Delfraissy a codirigé le livre « Quarante ans de bioéthique en France » (Odile Jacob, 2023). Cet ouvrage collectif grand public retrace les travaux du comité depuis sa création, permet de comprendre les grandes problématiques éthiques qui traversent notre époque, et ouvre des perspectives. Jean-François Delfraissy explique : « Le Comité d’éthique n’est pas là pour définir le bien et le mal ». Il souligne : « Sur la procréation ou la fin de vie, le regard du CCNE peut se modifier en fonction du contexte. L’intelligence en bioéthique n’est pas compatible avec le statu quo ».
La Vie, 13/04
Le Quotidien du Médecin Hebdo publie un article sur la Pr Catherine Barthélémy, qui a consacré sa vie à l’autisme et va bientôt prendre la tête de l’Académie de médecine. En 2024, en effet, elle deviendra la première femme à prendre les rênes de cette société savante. « Je n’ai pas été élue parce que je suis une femme, commente l’intéressée. Et d’ailleurs, sur les trois candidats, nous étions deux postulantes. Cette nomination tient davantage à ma triple spécialité, de médecin pédopsychiatre hospitalière, proche des familles et des enfants, d’experte dans le domaine de l’autisme et de chercheuse en neurophysiologie, mes travaux ayant contribué à montrer que des troubles du neurodéveloppement qui affectent le fonctionnement du cerveau sont à l’origine de l’autisme ». Pierre Gressens, neuropédiatre, directeur de recherche Inserm et vice-président du Groupement d’intérêt scientifique (GIS) « Autisme et troubles du neurodéveloppement » souligne : « Ce qui est impressionnant chez elle, c’est qu’elle arrive à combiner la clinique et la recherche de haut niveau, ce qui dans le contexte d’une médecine universitaire largement dominée par les hommes n’était pas évident, auxquelles il faut ajouter un grand charisme, un intellect hors du commun et une bienveillance sincère, rare à ce degré de réussite. »
Le Quotidien du Médecin Hebdo, 14/04
Dans un article intitulé « Grand âge : le camp présidentiel critiqué pour son manque d’ambition », Les Echos expliquent que la proposition de loi Renaissance, débattue cette semaine à l’Assemblée, censée aider les Français à « bien vieillir », est très critiquée par des acteurs du secteur. Selon eux, elle serait loin de répondre aux besoins. « Les mesures proposées vont dans le bon sens », estime la Fédération hospitalière de France (FHF) mais « elles sont très loin d’engager la transformation attendue ». La fédération des hôpitaux et Ehpad publics réclame de « nouvelles ressources financières […] pour affronter les besoins massifs à venir ». La proposition de loi apporte « quelques réponses à un besoin urgent », juge le Synerpa, représentant les groupes de maisons de retraite privés. Tout en ajoutant : « En l’état, notre politique en faveur du grand âge ne sera pas en mesure de répondre aux défis du vieillissement démographique ».
Les Echos, 14/04
La thérapie génique a été approuvée aux Etats-Unis pour être utilisée contre le cancer de la vessie, une première contre un cancer hors essais cliniques, a annoncé la FDA américaine. Cette nouvelle arme a donné des résultats prometteurs contre certaines tumeurs superficielles récidivantes de ce cancer parfois difficiles à traiter. « C’est une réelle avancée qui permettra aux cellules de la vessie de fabriquer elles-mêmes le médicament, un moyen plus efficace que de l’injecter dans le sang ou de l’instiller dans la vessie », précise Yann Neuzillet, professeur d’urologie à l’hôpital Foch de Suresnes.
Le Figaro, 14/04