Avis sur les questions éthiques posées par le recours à l’IA pour le diagnostic médical
Dans un avis commun rendu public hier, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) soulignent les questions éthiques que pose le recours à l’intelligence artificielle pour le diagnostic médical. Les SIADM (systèmes d’intelligence artificielle pour le diagnostic médical) doivent rester « une aide à la décision humaine », sans tomber dans une « logique de substitution », lit-on dans ce document. Long d’une soixantaine de pages, il a été élaboré par un groupe de travail de 17 membres mis en place après une saisine ministérielle datant de l’été 2019. Le co-rapporteur du texte pour le CNPEN, David Gruson, se dit attaché à la notion de « régulation positive ». « On peut garder la maîtrise sur une IA quand elle fait ce que l’humain sait déjà faire, mais c’est bien plus difficile quand elle accomplit des gestes dont nous ne sommes pas capables », remarque Jean-Emmanuel Bibault, oncologue radiothérapeute et chercheur en IA à l’Inserm. Il évoque notamment certaines tâches de prédiction, ou encore l’analyse extrêmement fine de scanners qui sembleraient « normaux » à des médecins. Pour ne pas que les médecins deviennent de simples « pilotes de l’IA » d’ici quelques décennies, Jean-Emmanuel Bibault insiste sur la nécessité de continuer d’enseigner aux étudiants en médecine ce que ces systèmes informatiques savent désormais accomplir. « Sinon, on risque de devenir très dépendants et de ne plus être capables, un jour, de voir si une IA se met à faire n’importe quoi. » La poursuite de l’enseignement et de la recherche autour des « méthodes diagnostiques déjà établies » fait d’ailleurs partie des 16 recommandations du CCNE et du CNPEN.
La Croix, 11/01
Décès de 5 millions d’enfants avant d’avoir 5 ans dans le monde
En 2021, cinq millions d’enfants sont morts avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans, selon des estimations publiées, hier, dans deux rapports des Nations unies (ONU). Le manque d’accès à des soins de santé de qualité, aux vaccins, à une alimentation adéquate et à de l’eau potable expliquent ces décès. Près de la moitié de ces enfants (2,3 millions) sont morts avant même leur premier mois et 1,4 million avant leur premier anniversaire. Plus de 2 millions d’enfants, adolescents et jeunes adultes de 5 – 24 ans sont morts cette même année. Ces chiffres sont proches de ceux communiqués en 2020, ce qui pousse les experts à sonner l’alarme : si les tendances actuelles se prolongent dans les années à venir, 42 pays ne seront pas en mesure d’atteindre l’objectif de réduction de la mortalité néonatale (c’est-à-dire dans le premier mois), au taux de 12 morts pour naissances vivantes, et de la mortalité avant 5 ans à 25 morts pour naissances vivantes d’ici à 2030. Cet horizon a été fixé en 2015 par les Etats membres de l’ONU, dans le cadre de l’agenda. Compte tenu de ces tendances, environ 40 millions d’enfants de moins de 5 ans mourront avant. Près de 10 millions de morts pourraient être évitées si les pays en retard accélèrent leurs progrès.
Le Monde, 11/01
En bref
Le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, a annoncé hier à l’Assemblée nationale qu’il se rendrait en Martinique jeudi, après le non-lieu prononcé dans le scandale du chlordécone la semaine dernière. La priorité du gouvernement est « de protéger la santé [des Antillais], d’aider les secteurs économiques impactés et de renforcer les recherches pour améliorer l’ensemble des terrains », a souligné M. Carenco. Le ministre a également fait état d”« avancées fortes » depuis 2018, notamment la reconnaissance du cancer de la prostate comme maladie professionnelle ouvrant droit à indemnisation. Une « quarantaine de laboratoires » de recherche sont par ailleurs mobilisés sur le sujet, avec cinq projets de dépollution des sols et un projet sur l’impact du chlordécone sur la fertilité féminine, a précisé le ministre. L’expertise Inserm « pesticides et santé » publiée en 2021 a conclu à la présomption forte d’un lien entre l’exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de cancer de la prostate, rappelle l’AFP.
AFP, 10/01
Des chercheurs de l’Inserm et du CNRS ont identifié, grâce à l’intelligence artificielle, des prédicteurs de l’apparition de troubles anxieux chez les adolescents. 580 adolescents ont passé une IRM à 14 ans et ont répondu à un questionnaire à 14, 18 et 23 ans. Des résultats soumis par la suite à l’intelligence artificielle. Les seules données issues des questionnaires ont permis, aussi précisément que l’analyse de l’imagerie cérébrale, d’améliorer la performance de prédiction. Trois grands « signes avant-coureurs ont été mis en avant, dont la présence à l’adolescence augmente significativement le risque statistique de troubles anxieux à l’âge adulte », souligne un communiqué de l’Inserm. Le premier prédicteur est le « neuroticisme », à savoir une inadaptation face au stress, des difficultés à gérer ses pulsions et le ressenti persistant d’émotions négatives. Le deuxième est le désespoir, manifesté par un manque d’optimisme et de confiance en soi transparaissant dans les réponses aux questionnaires. Le troisième signe avant-coureur est constitué de « symptômes émotionnels », tels que les maux d’estomac et de tête, l’inquiétude chronique, la peur…
LesEchos.fr, 10/01
Lire le communiqué de presse du 10/01/2023 : « Prédire l’apparition de troubles anxieux dès l’adolescence grâce à l’intelligence artificielle »
Dans son édition Science et Médecine, Le Monde rend compte de la « mécanique complexe [qui] place le cœur à gauche ». Deux études, publiées dans la revue Science, retracent l’origine de l’asymétrie des organes chez le poisson-zèbre (étude américaine) et la souris (étude japonaise), jusque-là restée une énigme. Ces études révèlent, chez ces deux espèces, un jeu de construction moléculaire élaboré à l’identique ou presque, qui prouve qu’au fil de l’évolution le mécanisme gouvernant le destin latéral des organes a été conservé. Il est donc aussi probablement à l’œuvre chez l’embryon humain. Le Monde indique que, chez une personne sur dix mille, cependant, le cœur se trouve à droite. Quand tous les viscères forment une image en miroir de leur position habituelle, cette anomalie d’origine génétique, ou Situs inversus, ne pose généralement pas de problème. « Mais lorsque l’inversion des viscères est incomplète, cela crée des problèmes de santé », explique Maximilian Fürthauer, de l’Institut de biologie Valrose, à Nice (CNRS, Inserm, université Côte d’Azur).
Le Monde, édition Science et Médecine, 11/01
RFI a fait le point hier sur le virus Ebola et les résultats prometteurs concernant la sûreté et la réponse immunitaire induite par la vaccination, avec le Pr Eric Delaporte, professeur de maladies infectieuses de l’Université de Montpellier et Directeur d’une unité de recherche de l’IRD et l’Inserm sur le sida et les maladies émergentes, le Dr Freddy Banza Mutoka, Responsable des opérations de santé pour la Riposte Ebola en Ouganda, chargé de la préparation et réponse des pays aux urgences de santé publique au Bureau régional de l’OMS Afrique, et le Pr Yazdan Yazdanpanah, Chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat, directeur d’études à l’Inserm. Le 10 janvier marque la fin théorique de la flambée ougandaise de l’épidémie du virus Ebola qui a contaminé 142 personnes, dont 77 cas mortels.
Rfi.fr, 10/01